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Tribune dans Le JDD : L’épidémie de bronchiolite n’est que la partie émergée de l’iceberg

Tribune dans Le JDD : L’épidémie de bronchiolite n’est que la partie émergée de l’iceberg

07052022.Nice Matin ITW Bandeau

TRIBUNE - A l'initiative de mon collègue Député Yannick Neuder nous appelons le ministre de la Santé, François Braün, à faire « plus et mieux » sur la crise des services pédiatriques.

Cette semaine, sous pression, le gouvernement a fait un petit pas vers les pédiatres qui font face à une crise profonde à nouveau mise en lumière par l’épidémie saisonnière de bronchiolites. Devant des services d’urgences pédiatriques en grande tension et des soignants à bout de souffle, le ministre de la Santé, François Braün, a dégainé une nouvelle enveloppe issue de négociations entre son ministère et les représentants des urgences pédiatriques. C’est salutaire mais bien insuffisant quand on sait que ces fonds d’urgence sont censés "faire tenir" durant trois ou quatre mois tout au plus. C’est sans compter sur la reprise de l’agenda politique d’un exécutif plus occupé à créer une troisième chambre parlementaire sous le nom de Conseil national de la Refondation tout en enjambant la première par 49-3 en série.

Quant aux premiers concernés, les avis sont plus que mitigés. Ces enveloppes ne constituent pas une solution pérenne. Pire, la FHF déplore une "politique de la rallonge permanente" basée sur un calendrier et une répartition des crédits encore flous.

Guillemet red gauche Ni cette épidémie de bronchiolites, ni la situation de la pédiatrie sont des faits nouveaux… Guillemet red droite

La situation de la pédiatrie est l’illustration parfaite du malaise qui a contaminé tout notre système de santé parallèlement à une procrastination du gouvernement dont le rôle ne se résume plus qu’à déployer des rustines faites d’enveloppes et de plans blancs lorsqu’il est au pied du mur.

Pourtant, ni cette épidémie de bronchiolites, ni la situation de la pédiatrie sont des faits nouveaux. Chaque année, l’automne marque l’arrivée des nombreux cas d’enfants atteints par le virus, cette tension des services d’urgences pédiatriques a déjà été observée de nombreuses fois avec plus ou moins d’intensité comme en 2019.

Cette situation appelle à une réponse de rupture, structurelle et il semble que ce soit la dernière main tendue au gouvernement de la part de l’opposition et des représentants hospitaliers. Assez de rapports, de missions flash et d’assises de la pédiatrie au printemps : le gouvernement a déjà toutes les données et toutes les cartes en main pour agir.

Les enseignements à tirer tiennent en 3 maitres mots : revalorisation, décentralisation et anticipation.

Guillemet red gauche La dégradation structurelle des moyens dédiés aux services pédiatriques a entrainé une fuite des soignants face à laquelle le gouvernement a trop longtemps tâtonné voir dévié. Guillemet red droite

Sur la revalorisation, la dégradation structurelle des moyens dédiés services pédiatriques a entrainé une fuite des soignants face à laquelle le gouvernement a trop longtemps tâtonné voir dévié. C’est notamment le cas durant le déploiement du Ségur de la Santé pour lequel la permanence des soins, c'est-à-dire le travail de nuit, ou le week-end et les jours fériés, n’a pas été revalorisée. Avec le plan d’urgence, du côté des hospitaliers, le soignant a vu sa prime de nuit augmenter d’1,79 euro de l’heure au maximum ! Du côté des libéraux, l’Igas pointe une rémunération de la pédiatrie clairement plus faible que les autres spécialités médicales et ce constat se confirme à l’échelle européenne.

Sur la décentralisation, nous devons décloisonner la ville et l’hôpital dans une grande réforme santé. Le système a besoin d’une réponse de rupture sur la médecine de ville, son rôle n’a pas été suffisamment inclus dans un nouveau modèle de prise en charge des enfants alors que le nombre de médecins en pédiatrie libérale baisse inexorablement depuis des années.

Sur l’anticipation, le rôle pédagogique et la prévention ont également été trop souvent délaissés : une réforme pour un rôle renforcé de la santé scolaire mais aussi de la protection maternelle et infantile (PMI). Comme l’a mis en lumière l’Igas, les parcours de soins doivent être restructurés en réhabilitant et revalorisant notamment le rôle des puériculteurs et puéricultrices.

Guillemet red gauche La santé est encore trop souvent traitée de manière comptable dans notre pays. Guillemet red droite

L’exécutif occulte aussi un des cœurs du problème : la crise de sens et le nouveau rapport aux carrières médicales. Un constat fait depuis bien trop longtemps. La revalorisation financière est une première réponse mais il faut travailler à des mesures profondes notamment sur les effectifs et la répartition des soignants. De manière générale, une véritable réforme des études de santé qui ne s’appuie pas simplement sur un numérus apertus mais qui permette le redoublement en première année par exemple ou qui encourage à l’installation en zones sous dotées par un engagement dès la deuxième année doublé d’incitations fiscales plus généreuses et d’un conventionnement plus favorable.

Enfin, il faut aussi questionner le calcul de l’ONDAM proposé au Parlement chaque année. Ces objectifs de dépenses sont largement en deçà des exigences d’un système à bout de souffle, notamment en cette crise inflationniste qui sévit actuellement. Plus généralement, la santé est encore trop souvent traitée de manière comptable dans notre pays. Le projet de loi de finances de la sécurité sociale (PLFSS), examiné annuellement, a 26 ans ! Une nouvelle loi santé doit émerger, examinée pluri-anuellement, celle qui reposera sur les leçons apprises des crises sanitaires du 21e siècle.

Monsieur le Ministre Braun, la balle est dans votre camp. Nous attendons plus et mieux.


TRIBUNE publiée le 5 novembre 2022. Pour retrouver la liste des signataires > https://www.lejdd.fr/Politique/lepidemie-de-bronchiolite-nest-que-la-partie-emergee-de-liceberg-denoncent-41-deputes-les-republicains-4145456

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